
Proposition pour le concours « Heimat in der Fremde », organisé par le Sénat de Berlin à l’occasion de la Biennale d’architecture de Venise « Reporting from the Front », mars 2016.
Quartiers temporaires d’hospitalité
Pour les réfugiés politiques et économiques, la possibilité de construire soi-même son lieu de vie est un outil de liberté et de rebond dont l’utilité dépasse toute question de confort.
L’habitat auto-construit est celui qui offre les meilleures possibilités d’appropriation, la meilleure « capabilité ».
C’est pourquoi nous suggérons de donner à des quartiers auto-construits la liberté d’exister pour quelques années, le temps du rebond et de l’installation. Cette option ouvre de nouvelles possibilités d’accueil pour les réfugiés. Elle est susceptible aussi de susciter de nouvelles dynamiques urbaines autour des terrains mis à disposition : nouveaux germes, nouvelles forces, nouveaux partages collectifs.
On le sait, les quartiers auto-construits présentent des qualités immédiates de dynamisme, de communauté et d’échelle. Mais ils manquent de moyens matériels et d’échanges avec leur environnement proche. L’architecture proposée ici ne construit pas « à la place de » mais encourage par des interventions « légères » et ciblées les mécanismes de la « ville tremplin » pour des habitants pauvres et peu équipés.
Des interfaces positives avec la ville sont créées, sources d’échanges favorables à tous. Elles dépendent de leur contexte d’implantation, cependant la démarche est reproductible d’un site à l’autre.
Notre proposition mêle réalisations et projets. Peu à peu, les premières entrainent la concrétisation des seconds : d’abord l’accueil, les mobilisations associatives, culturelles et étudiantes, des installations éphémères ou plus pérennes : ferments d’une autre ville.
A Champs-sur-Marne (77, France) notre projet-action est pensé pour l’accueil de réfugiés Roms installés en sous-bois à proximité du campus universitaire Paris-Est. Pour aider ces réfugiés à s’installer, nous travaillons à conforter les espaces collectifs, à rendre le sol et les accès praticables en toute saison, à créer des lieux de préscolarisation et des abris pour le travail. La planification de plusieurs ZAC sur le territoire rend possible l’occupation à moyen terme de ces territoires en attente. Au périmètre, les programmes d’utilité réciproques sont encouragés pour permettre la porosité entre le quartier auto-construit et la ville (ressourcerie, commerces, services, etc.). Ces hypothèses intéressent aujourd’hui le campus qui cherche son devenir dans une vision moins monofonctionnelle, plus durable et plus sociale de la ville.
A Berlin, tout terrain en attente, secteur de friches, parc ou délaissé urbain peut être mis à disposition pour accueillir temporairement un quartier auto-construit par des réfugiés, politiques ou économiques. Ces terrains doivent bénéficier d’un vrai cadre urbain et ne pas être des espaces de relégation. Ils s’épanouiront particulièrement bien dans des secteurs d’accueil dont la force imaginative et politique peut être activée par des réseaux d’acteurs citoyens motivés par de nouvelles formes d’actions urbaines. Les dimensions des terrains doivent permettre de constituer des entités de 60 à 100 personnes, échelle favorable au fonctionnement collectif. Le contexte urbain définira les programmes qui feront le lien avec le quartier auto-construit.
Agir pour le bidonville : dans, au bord, autour
Ont participé à ce projet avec Système B :